Syrie : Le Chaos en Héritage
- Lino
- 8 déc. 2024
- 3 min de lecture
La Syrie, ce territoire martyré, semble avoir trouvé son point de rupture. Le pays, jadis berceau de civilisations, est désormais l’incarnation vivante d’un chaos orchestré par des mains multiples et des ambitions contradictoires. En ce mois d’incertitude, le départ précipité du président syrien, dont les rumeurs oscillent entre l’exil doré et la fuite éperdue, marque une nouvelle ère : celle de l’instabilité comme unique certitude.
Les islamistes à la tête du pays : une victoire ou un naufrage ?
À Damas, les drapeaux noirs flottent, symboles d’une nouvelle gouvernance islamiste. Ceux qui espéraient un renouveau démocratique pleurent aujourd’hui la chute d’une nation aux mains d'un boucher, dans les griffes de l’obscurantisme et des coupeurs de têtes. Le quotidien des Syriens est rythmé par des lois austères et une violence omniprésente. Si certains y voient une revanche sur des décennies de répression baathiste, d’autres dénoncent un régime pire que son prédécesseur.
Les minorités chrétiennes, alaouites, kurdes, et bien d’autres, vivent désormais dans la peur - et chacune cherche à tirer leur épingle du jeu. Nombre d’entre elles fuient, laissant derrière elles des villes vidées de leur diversité culturelle, autrefois si vibrante. Le rêve d’une Syrie unie semble plus lointain que jamais.
"L'ONU du désordre n'existe pas. L'organisation mondiale de l'anarchie reste à inventer, elle sera la fille de la défunte société du crime." Gérard Sire, l'aventure c'est l'aventure.
La convoitise des puissances étrangères : un théâtre de guerre par procuration
Ce vide politique est une aubaine pour les puissances voisines. La Turquie, depuis des années, lorgne sur ses frontières sud, rêvant d’y étendre son influence et de renvoyer en Syrie 3 millions de "parasites" (selon Erdogan). Ankara multiplie les déclarations martiales et prépare des opérations militaires sous prétexte de "sécuriser ses frontières". Mais derrière ces discours se cache une volonté hégémonique : redessiner la carte régionale au détriment d’une Syrie exsangue.
L’Iran et le Qatar, eux aussi, se disputent les ruines d’une nation. Téhéran, fidèle à sa stratégie d’encerclement, cherche à consolider son axe chiite. Doha, de son côté, appuie financièrement des factions rivales, alimentant un cycle sans fin de division et de guerre.
L’Europe divisée face à la crise
Au cœur de cette tragédie, une figure cristallise les débats : Rima Hassan, eurodéputée controversée. Accusée par certains de recevoir des fonds occultes de l’ancien régime d’el-Assad, elle incarne aux yeux de ses détracteurs la face sombre des complicités internationales. Certes sont salaire d'euro-députée est aujourd'hui important, mais cette française d'origine syrienne devrait perdre, avec Assad, une partie importante de ses revenus.
Les institutions européennes, minées par des intérêts divergents, peinent à s’accorder sur une réponse commune. Pendant ce temps, des centaines de milliers de réfugiés affluent aux portes de l’Union, rappelant aux dirigeants occidentaux que leur inaction a un coût humain et politique.
Un peuple pris en otage
Pourtant, au milieu de cette mêlée d’ambitions et de trahisons, ce sont les Syriens qui paient. Privés de dirigeants légitimes, écrasés par des acteurs étrangers, ils survivent tant bien que mal dans un pays où la loi du plus fort est la seule qui s’impose.
L’histoire jugera sévèrement ceux qui ont contribué à transformer la Syrie en un champ de ruines. La Cour de Justice Internationale n'a jamais demandé à ce qu'Assad comparaisse, alors qu'il est le meurtrier de 500.000 palestiniens... Les israéliens, qui ne sont pas toujours blanc-bleu, ont une expression pour cela : "no jews, no news." Et une fois encore, cela est prouvé.
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